La nouvelle
devrait laisser rêveurs les millions de fans de Harry
Potter... La "cape d'invisibilité" de l'apprenti sorcier pourrait
bien un jour sortir des murs de l'école de sorcellerie Poudlard et
se voir transposée dans notre réalité. Des physiciens
financés par le Pentagone, le ministère de la défense américain, ont en effet
annoncé mercredi 4 janvier avoir conçu un système d'"invisibilité
temporelle"capable de rendre un événement totalement indétectable pendant
une infime fraction de seconde.
Inspiré de
recherches sur la fameuse "cape d'invisibilité" popularisée par Harry
Potter, ce dispositif expérimental en diffère quelque peu : au lieu de chercher àmasquer un objet dans l'espace, elle le dissimule à la
vue dans le temps, selon l'étude publiée par la revue
britannique Nature. "Nos résultats représentent un
pas significatif vers la réalisation d'une cape spatio-temporelle
complète", estime Moti
Fridman, de l'Université Cornell de l'Etat
de New York, qui a dirigé ces recherches.
"DÉCALAGE
TEMPOREL"
L'exploit
des physiciens utilise les propriétés du spectre lumineux visible et le fait
que les différentes couleurs qui le composent se déplacent à des vitesses très
légèrement différentes. Cette cape d'invisibilité "temporelle"
commence par diffuserun rayon de lumière verte dans un câble en fibre
optique. Ce rayon traverse ensuite une lentille qui le divise en deux
fréquences distinctes : une lumière bleue qui se propage un petit peu plus
rapidement que le rayon vert d'origine, et une lumière rouge légèrement plus
lente.
La différence de vitesse entre les deux rayons ainsi obtenus est encore accentuée en interposant un obstacle transparent.
La différence de vitesse entre les deux rayons ainsi obtenus est encore accentuée en interposant un obstacle transparent.
Au bout du
compte, il se crée une sorte de "décalage temporel" entre
les rayons rouge et bleu qui voyagent dans la fibre optique. Une faille
minuscule, de seulement 50 picosecondes (50 millionièmes de millionième de
seconde), mais suffisante pour y intercaler une décharge de laser d'une fréquence
différente de la lumière passant dans la fibre optique.
Après cette
brève décharge de laser, les rayons rouges et bleus subissent un traitement
inverse : un nouvel obstacle accélère cette fois-ci le rouge et ralentit le
bleu, et une lentille reconstitue les deux faisceaux pour produire un unique rayon vert. La décharge de laser,
d'une durée de 40 picosecondes, est toujours bien présente, mais comme elle ne
fait pas partie du flux de photons de la lumière reconstituée, elle reste
totalement indétectable ! Le procédé s'apparente à un passage à niveau coupant
une route encombrée, expliquent dans un commentaire séparé Robert
Boyd et Zhimin Shi, de l'Université de Rochester, dans l'Etat de
New York.
SÉCURISER
LES COMMUNICATIONS
La prochaine
étape pour les chercheurs est de parvenir à accroître suffisamment la"faille
temporelle" masquant un événement, soulignent MM. Boyd et Shi.
Mais ils estiment que cette invisibilité temporelle pourrait déjà avoir des applications immédiates pour sécuriser les communications. Car ce procédé permet defractionner les signaux optiques et de les faire voyager à des vitesses différentes avant de les
réassembler, ce qui rend les données particulièrement difficiles àintercepter.
Les travaux
de l'équipe de Moti Fridman sont financés en partie par la Darpa, une agence du
ministère de la défense américain destinée à mettre au point des technologies futuristes dignes de
la science-fiction et qui peuvent aboutir à des usages militaires. Cette agence avait
notamment mis au point à la fin des années 1960 un système de transmission de
données entre ordinateurs, jetant les bases de ce qui allait ensuite devenir le réseau Internet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire