Thinking, fast and slow », Penser, rapidement et
lentement. C’est le dernier ouvrage de Daniel Kahneman, prix Nobel
d’économie 2002 qui livre les secrets de notre mode de pensée conscient et
inconscient. Selon ses recherches, nous prendrions souvent les mauvaises
décisions.
Pour Daniel
Kahneman, notre mode de réflexion est composé de deux systèmes. Le premier, la
pensée rapide (le Thinking fast) est inconscient, intuitif et ne demande pas
trop d’effort. Ce système simplifie les événements et utilise un
système d’association d’idées pour produire un rapide croquis d’une situation
donnée. Le système 1 reconnait instantanément des modèles de situation
et permet "de produire des solutions adéquates". C’est ce qui
permet aux médecins, ou aux pompiers par exemple, de répondre rapidement à des
urgences complexes.
Le
deuxième système qu’il appelle pensée lente (Thinking slow) utilise davantage
la réflexion, le raisonnement et demande beaucoup plus d’efforts. Évidemment la plupart des gens
s’imagine utiliser le système 2 bien plus rationnel. Erreur ! C’est en
réalité le premier système, la pensée rapide, qui régit nos décisions. Il y a
beaucoup trop de choses à analyser pour que le deuxième système puisse tout
prendre en charge. Et le système est bien plus difficile à faire fonctionner.
Le livre
de Daniel Kahneman insiste sur les défaillances du premier système qui donne
l’impression d’une irrationalité généralisée chez les hommes. Daniel Kahneman n’aime pas
beaucoup le terme "irrationalité", c’est pourquoi dans son livre il
liste les points négatifs et positifs de nos intuitions. En résumé, le premier
système (Thinking fast) est à l’origine de toutes nos erreurs, mais il est
également responsable de ce que nous faisons de bien.
Évidemment,
ce premier système nous pousse à faire des erreurs car il n’analyse pas
correctement les probabilités. Nous réagissons donc tous différemment à
certaines situations selon ce que nous avons en tête. Et le pire c’est que nous
ne savons pas que nous ne savons pas.
En général,
l’erreur de planification provient d’un optimisme excessif. Par exemple, la
construction du Parlement écossais à Edimbourg devait coûter 40 millions
de livres, au final, il a couté 431 millions de livres. Généralement, nous
n'envisageons pas la possibilité d’événements exceptionnels sauf si cela nous
est arrivé récemment.
Suprématie
du système 1
Et personne
n’échapperait à la suprématie de ce système 1, pas même les experts qui parlent
de ce sujet. Kahneman admet qu’il n’est lui-même pas à l’abri. Alors comment
échapper à la dictature de l’intuition ?
Pour
Kahneman, il faudrait que ces experts soient exposés régulièrement à des
situations particulières afin d’avoir un schéma de réaction préparé. En d’autres termes, avoir un
entrainement qui puisse provoquer une réponse adéquate de la part du système 1.
Mais si cet entraînement peut aisément s’appliquer à un jeu d’échecs par
exemple, il est plus difficile de pouvoir l’envisager pour prédire l’issue des
conflits au Moyen-Orient.
Malheureusement,
selon lui, les gens normaux ne pourraient pas échapper aux erreurs systématiques
dans le mode de réflexion. Vous êtes donc condamnés à prendre des décisions
découlant de votre intuition. Mais au moins, vous êtes maintenant au courant.