SYDNEY -
Des scientifiques ont annoncé mardi avoir découvert les premiers requins
hybrides au monde dans les eaux australiennes, signe probable, selon eux, que
ces prédateurs s'adaptent au changement climatique.
La
reproduction croisée du requin australien à pointe noire, qu'on trouve près des
côtes de ce pays, avec celle du requin à pointe noire trouvé ailleurs dans le
monde, a des implications pour l'ensemble de ces animaux, a estimé le chercheur
Jess Morgan, de l'université du Queensland.
"C'était
très surprenant car personne n'a encore vu de requin hybride auparavant. Ce
n'est pas quelque chose qu'on peut imaginer facilement", a-t-il dit à
l'AFP. "C'est l'évolution en direct".
Les premiers
résultats de l'étude suggèrent que les hybrides sont robustes et parviennent à
se reproduire, a ajouté Colin Simpfendorfer, de l'université James Cook, qui a
participé aux travaux de recherches.
Les
scientifiques ont étudié 57 specimens de ces requins hybrides.
Les
chercheurs effectuaient des travaux au large de la côte est de l'Australie,
pour répertorier la faune, lorsque des tests génétiques ont montré que certains
requins appartenaient à une espèce donnée alors qu'ils avaient les caractéristiques
physiques d'une autre espèce.
Le requin à
pointe noire australien est plus petit que son cousin plus commun et ne peut
vivre que dans des eaux tropicales. Ses descendants hybrides ont en revanche
été retrouvés à 2.000 km vers le sud, dans des eaux beaucoup plus froides.
En se
reproduisant avec l'espèce commune, le requin australien accroit son habitat
naturel, a expliqué Jess Morgan. "Cela permet à des espèces limitées
aux eaux tropicales de vivre dans des eaux plus tempérées", a-t-il
ajouté.
Si les
specimens hybrides se révèlent plus robustes que leurs parents "de pure
race", ils pourraient les remplacer petit à petit, a ajouté Colin
Simpfendorfer.
"Je
ne sais pas si c'est le cas ici, mais nous savons qu'ils sont viables, qu'ils
se reproduisent et qu'il y a plusieurs générations d'hybrides", a-t-il
déclaré. "Ils semblent être des animaux tout à fait sains".
Ces requins
hybrides étaient nombreux, représentant dans certains endroits jusqu'à 20% de
la population totale de requins à pointe noire évoluant près des côtes
australiennes. Mais ils ne semblent pas pour le moment provoquer une baisse de
la population de leurs parents de pure race, a noté Jess Morgan.