Comment
influencer la qualité de ses rêves? Les choisir ou orienter leur contenu? Pour
éviter les cauchemars, obtenir des réponses, se soigner, y trouver un guide, de
l'inspiration ou encore vivre une expérience extraordinaire en explorant des
mondes invisibles. Conseils pratiques.
Il y a
quelques semaines, une nouvelle méthode censée améliorer les rêves de millions
de personnes a été mise au point par le psychologue Richard Wiseman, professeur
à l'Université de Hertfordshire en Grande-Bretagne, via une application Iphone
appelée Dream:ON. Une fois programmé, ce dispositif s’adapterait
aux cycles du sommeil des utilisateurs pour diffuser au moment où l’on commence
à rêver un « paysage sonore », évoquant un scénario agréable, comme une
promenade dans les bois, sur une plage. Ce système est une invitation à
l’exploration du rêve lucide, une expérience dans laquelle le rêveur devient
conscient qu’il est en train de rêver et dont il va pouvoir librement, tel un
metteur en scène, orienter son contenu. L’intérêt du rêve lucide ? Eliminer des
angoisses en affrontant la source de ses peurs et accepter d’y faire face pour,
peu à peu, se débarrasser des cauchemars qui altèrent la qualité du sommeil et
notre humeur du lendemain. Ou bien résoudre, par le rêve, un conflit intérieur,
non pas par une approche psychanalytique mais par le rêve lui-même. Ou encore
améliorer ses performances personnelles comme le font de nombreux sportifs qui,
durant le rêve vont s’entraîner et progresser. Efficace, l’application : Dream:ON ?
Outre le problème des ondes émises par le téléphone portable, susceptibles
d’être nocives en dormant toute la nuit avec, à proximité de sa tête, outre
aussi le fait que ces sons ne se déclenchent pas toujours à bon escient,
c’est-à-dire dans la phase propice de sommeil paradoxal, ces gazouillis
d’oiseaux et autres bruits de va-et-vient des vagues, selon Marc-Alain
Descamps, « ne permettraient pas d’influencer ses rêves, de manière
systématique, encore moins de les rendre didactiques. »
Comment
accéder au rêve lucide
D’autres innovations technologiques ont déjà été mises au point par le passé
pour introduire la conscience dans le rêve, comme une sonde nasale vibrante ou
un masque qui détecte l’entrée en sommeil paradoxal du dormeur et lui envoie de
légers signaux lumineux sans le réveiller, mais pour le psychanalyste, rien ne
vaut les « méthodes naturelles ». Par exemple, « vous
pouvez vous demander plusieurs fois dans la journée : "Suis-je en train de
rêver ?" Vous allez ainsi vous habituer à vous poser la question jusque
dans le rêve. Une croix ou un point au creux de votre main peut vous aider à
vous souvenir de faire cet exercice. A chaque fois que vous yeux se poseront
dessus, vous y penserez. Vous pouvez aussi apprendre à maîtriser l’arrêt sur
image afin d’installer une attention pendant votre sommeil. L’exercice consiste
à choisir un plan fixe, par exemple en regardant régulièrement vos deux mains
en face de vous et à intégrer cette image pour avoir le réflexe de vous en
servir pendant le rêve quand celui-ci vire au cauchemar. Si un loup est en
train de manger votre mère, vous allez alors imaginer ce plan fixe de vos
mains, introduisant ainsi la conscience dans votre rêve. Vous pourrez alors en
changer le scénario et faire en sorte que cette scène insoutenable s’arrête, ou
qu’à l’inverse, ce soit votre maman qui mange le loup ! » Autres
astuces utilisées dans de nombreuses cultures pour « nettoyer ses rêves
» : se dire que ces mauvais rêves ne reviendront plus et glisser une
pierre qui protège des cauchemars sous son oreiller, comme le quartz rose ou la
pierre de soleil, boire des infusions de plantes relaxantes ou encore se servir
d’huiles essentielles. Bien sûr, précise Marc-Alain Descamps, « ce ne
sont que des adjuvants ».
Du rêve
ordinaire au rêve de puissance
Si nous passons environ un tiers de notre vie à dormir, la majeure partie de
nos rêves – pour peu qu’on s’en souvienne au réveil - ne trouve pas toujours de
sens, et ne s’avère ni instructive ni révélatrice. « C’est ce qu’on
appelle les rêves ordinaires ou nuls, bâtis sur des réminiscences banales de ce
qu’on a fait les trois ou quatre jours précédents. » Et puis, il y a
les songes, ces rêves positifs, « de beauté, de pouvoir ou puissance »,
nets, précis, expérimentaux, « avec une autre texture » qui
nous mettent en contact avec des forces, des êtres, des éléments, des
situations, des informations, auxquels on ne peut accéder en état de veille. «
Ce sont ceux dont on n’oublie aucun détail, et qui nous réveillent exaltés,
tremblants, avec le sentiment d’avoir atteint un autre niveau de réalité,
exploré une autre dimension, explique Marc-Alain Descamps. Comme
voler dans les airs, sauter en même temps toutes les marches d’un escalier,
traverser les murs, marcher sur l’eau, parler aux animaux. Il y a aussi le rêve
où l’on se voit sortir de son corps. Celui où on va parler avec un proche
défunt et autres entités qui n’existent pas dans la réalité matérielle. Celui
où l’on va anticiper l’avenir ou avoir une vision de vérité. Il y a aussi le
rêve d’enseignements où vous pouvez rencontrer un maître, votre maître, qui
vous transmettra un savoir dont vous n’avez a priori pas connaissance. Enfin, conclut-il, ces
rêves de puissance peuvent aussi être créatifs. De nombreux artistes –
peintres, écrivains, musiciens – ont rêvé d’une œuvre avant de la concrétiser.
Des scientifiques aussi comme le chimiste allemand Friedrich August Kekulé qui
a découvert ainsi la structure de la molécule du benzène. »Est-il possible
de vivre une telle expérience sur commande comme on choisirait un beau voyage
sur un catalogue de vente par correspondance ? « Les songes se méritent
!, confie Marc-Alain Descamps. Vous pouvez en faire la requête
mais il ne faut pas être dans la volonté, dans le mental. Il est essentiel
d’être dans l’intention, surtout pas dans l’ego. Ensuite, il vous faut incarner
ce désir. Comment ? Par exemple en inventant une danse ou un slam où vous allez
répéter, pendant un quart d’heure, votre demande. Vous pouvez aussi l’écrire en
grand et contempler cette phrase chaque soir en vous endormant. Si vous voulez
voir apparaître un proche défunt en rêve, regardez sa photo et demandez-lui
aussi. La patience est de mise car ce rêve peut se réaliser trois mois plus
tard ! Détail important, il ne faut pas avoir sombré dans l’alcool, ni être
dans la goinfrerie, ce sont deux ennemis des rêves positifs ! Si votre rêve de
puissance ne se présente toujours pas, demandez-vous alors si c’est bien votre
voie. Dernier conseil : l’ensemencement : raconter vos rêves sur un dictaphone
et les réécouter régulièrement le soir avant de vous coucher. Ainsi, vous
sèmerez des graines dans votre inconscient qui, en germant, vous ouvriront
l’accès à d’autres mondes. »