Ho Chi Minh, au sud du Vietnam, un chirurgien américain a opéré une tumeur
de 90 kilos située sur la jambe droite d'un patient.
Un homme de
31 ans s'est fait opérer de la jambe droite, d'une tumeur de 90 kilos. Nguyen
Duy Hai, le patient, a en effet grandi avec une tumeur, qui n'a eu de cesse de
grossir, depuis ses quatre ans. Le jeune homme est originaire de la province de
Lam Dong, dans les hauts-plateaux au centre du pays.
Le patient a
déjà subi une première intervention, il y a 14 ans, mais sa tumeur bénigne a
refait surface et mesure, aujourd'hui, un mètre de diamètre, l'empêchant
totalement de se déplacer. En 2001, tous les chirurgiens ont refusé de l'aider
ou de l'amputer, notamment parce qu'au Vietnam, il y en a très peu
qui savent opérer une telle tumeur. C'est donc un soulagement pour cet homme
d'être pris en charge...
Grâce à des
soutiens locaux, il peut enfin subir une opération à 15 700 euros, trop
onéreuse pour sa famille, et être soigné par les mains de pas moins de huit
médecins et assistants vietnamiens et du professeur américain Mc Kay Mc Kinnon.
Même si le
Dr Mc Kay Mc Kinnon a déjà brillamment réussi des interventions chirurgicales
de ce genre dans le passé, le directeur de l'hôpital, Dr Gérard Desvignes, a
déclaré qu'il s'agissait "d'une opération chirurgicale difficile,
qui comporte des risques importants y compris sur le pronostic vital. Les
chances de réussite ne sont que d'environ 50%". Mais le
professeur Mc Kinnon est positif concernant les chances de survie du jeune
homme, même s'il a cité le cas d'une américaine qui, dans le même état que le
jeune vietnamien, a nécessité 50 perfusions de sang et un an de rééducation.
L'opération
était initialement prévue début novembre, mais l'état de santé d'Nguyen s'est
aggravé, repoussant la tentative visant à donner une chance à cet homme de
retrouver une vie et un corps sain. Par la suite, des bilans de santé
réguliers ont ainsi permis aux docteurs de prendre une décision et de
programmer l'opération.
"Tout
s'est bien passé"
Hier, Hai a
été admis en soins intensifs, juste après avoir été opéré, et d'après le chef
exécutif de l'hôpital FV, le docteur Jean-Marcel Guillon, tout s'est bien
passé. Le plus grand risque a été l'abondante perte de sang, puisque la taille
de la tumeur a supposé qu'elle s'était construite son propre réseau sanguin.
Ils ont donc installé une"cellule de veille" qui a
récupérer le sang, l'a filtré et l'a ré-injecté dans le corps avec le sang des
perfusions.
Le Dr
Guillon a ainsi expliqué "une tumeur aussi énorme a développé son
propre réseau sanguin avec de très nombreuses branches artérielles, en dehors
du système vasculaire normal". Il a également annoncé que la
tumeur, initialement estimée à 90 kilos, n'en faisait que 82, ce qui reste
malgré tout impressionnant. Et l'intervention a finalement duré 12 heures,
selon CNN.
La tumeur
est une neurofibromatose de Von Recklinghausen, la même que celle qui fut mise
en image dans le film "The Elephant Man" inspiré du
cas d'un patient Joseph Merrick atteint d'une neurofibromatose à la tête. Cette
tumeur est une transmission autosomique dominante héréditaire qui est très
difficile a enlever, du fait de son système de survie complexe.
"La
tumeur peut revenir"
Dans un mail
adressé à CNN, le Dr Guillon a rajouté que "la tumeur
peut revenir" en assurant qu'ils pouvaient "le réopérer
de nouveau et que la tumeur n'atteindra plus jamais une aussi grande
taille". Les médecins espèrent un retour à la normale des fonctions
cardiaques et pulmonaires de Hai, d'ici dix jours. Pour qu'il puisse ensuite
recevoir une aide psychologique et une thérapie ré-éducative afin qu'il
s'habitue à son corps et qu'il rapprenne à marcher. Ce qui risque d'être long
car, comme l'a précisé Dr Guillon, "Hai a grandi avec sa tumeur.
Elle fait partie de lui".
La partie
plus légère de l'histoire a été la communication entre les médecins vietnamiens
et le chirurgien Mc Kinnon de Chicago, mais tout s'est très bien passé.
L'opération a été filmé en direct pour que le reste de l'hôpital et les
confrères puissent y assister et apprendre en même temps.
Pour le côté
financier, l'hôpital a pris en charge 60% du coût des soins réalisés et le
reste a été pris en charge par la Croix Rouge et des sponsors de Da Lat City,
la ville d'origine de Hai. Et le Dr Mc Kinnon a passé douze heures dans un bloc
chirurgical gratuitement, mais l'hôpital a tenu à lui payer les frais de
déplacement et de logement.
L'histoire
se finit bien et Hai ne devrait pas être laissé seul avant d'avoir repris ses
forces et une vie normale.