Des
chercheurs américains ont mis au point un nouveau traitement qui a permis de
sauver des souris mortellement irradiées. Cette bithérapie présenterait au
moins trois avantages parmi lesquels celui de pouvoir être administrée jusque
24 heures après l'irradiation.
Survenu en
mars dernier, l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima a remis sur le
devant de la scène les risques pour la santé du nucléaire et de la
radioactivité. Combiné à la commémoration des 15 ans de la catastrophe de
Tchernobyl, l'évènement a également rappelé la dangerosité que pouvaient avoir
pour l'organisme une exposition à de fortes doses de radioactivité. Face à
cela, c'est une découverte plus qu'encourageante qu'ont faite des chercheurs
américains de l'Institut contre le cancer Dana Farber et de l'université de
Harvard à Boston.
Ceux-ci ont
mis au point une bithérapie qui a pu sauver des souris pourtant mortellement
irradiées. Pour conduire leur expérience, les scientifiques ont exposé les
rongeurs à une irradiation considérable de 7 grays avant d'administrer à une
partie d'entre eux un antibiotique de la classe courante des fluoroquinolones et
une petite protéine antibactérienne appelée BPI et ce, pendant deux semaines.
Déjà connus, ces deux produits sont à l'origine destinés à neutraliser les
effets toxiques des bactéries qui traversent la muqueuse intestinale après
exposition à de très fortes doses de rayonnements. Mais chez les rongeurs, ils
ont également montré leur efficacité pour protéger la moelle osseuse, le
premier tissu endommagé par les irradiations, rappelle le Figaro.fr.
Des
substances déjà prouvées comme non-toxiques
A la fin de
l'expérience, l'équipe a ainsi observé que 80% des souris irradiées et traitées
étaient encore en vie comparé à leurs congénères non-traitées qui elles,
étaient toutes mortes. Or, si ces deux produits avaient déjà été testés, la
combinaison fournit plusieurs avantages uniques. D'après les chercheurs,
celle-ci serait la seule à pouvoir agir jusqu'à 24 heures après l'exposition
aux radiations, ce qui permettrait d'envisager son utilisation chez l'homme à
la suite d'une attaque ou d'un accident nucléaire. Autre point positif : les
deux substances ont déjà fait leurs preuves quant à leur innocuité chez
l'humain, dispensant ainsi des tests de toxicité. Ceci rend également possible
un usage à titre préventif, lorsque les personnes ignorent leur degré d'irradiation.
De plus, le
BPI et l'antibiotique peuvent être facilement stockés, un avantage
non-négligeable en cas d'irradiations massives. Malgré ses avantages, il
semblerait que, pour l'heure, la bithérapie ne puisse être utile en cas de
scénarios catastrophes. Marc Benderitter, chercheur à l'Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à Fontenay-aux-Roses a expliqué
au Figaro : "nous traitons déjà des personnes
fortement irradiées en leur injectant dès que possible trois facteurs de croissance
des cellules souches de la moelle osseuse. L'IRSN l'a encore fait dernièrement
pour huit patients adressés par l'AIEA après leur irradiation accidentelle par
des doses supérieures à 1 gray, seuil de la nocivité certaine des rayonnements
ionisants. Ce type de traitement aurait probablement été très utile aux
liquidateurs les plus irradiés qui sont intervenus dans la centrale nucléaire
de Tchernobyl après son explosion en 1986".
Un autre
traitement prometteur en développement
En cas
d'échec, une greffe de moelle osseuse nécessaire à la restauration des cellules
sanguines reste toujours possible "mais le plus souvent, une
irradiation accidentelle ne touche qu'une partie du corps et les cellules
souches de la moelle osseuse épargnées peuvent alors être stimulées avec
simplement les facteurs de croissance", a ajouté le spécialiste.
Par
ailleurs, un autre produit, le CLBL502, a déjà montré des résultats
spectaculaires aux Etats-Unis et ce, même une heure après l'exposition et pour
des irradiations allant jusqu'à 9 grays. Stockable à température ambiante et
administré en une seule injection, le produit présenterait une toxicité réduite
chez l'homme. "C'est le produit qui me semble à ce jour parmi les plus
prometteurs pour protéger des effets des rayonnements mais aussi des
complications des radiothérapies", confirme Marc Benderitter.
Alors qu'il
n'existe encore aucun traitement valable à l'heure actuelle, la recherche dans
ce domaine semble donc prometteuse pour trouver un moyen de contrer les effets
secondaires à long terme de la radiothérapie.
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