Le procureur
a demandé jeudi la peine capitale pour l'ancien président égyptien Hosni
Moubarak, accusé d'être responsable du meurtre de manifestants lors de la
révolte contre son régime.
"La
loi prévoit la peine de mort pour le meurtre prémédité", a déclaré le
procureur Moustafa Souleimane au terme de ses réquisitions jeudi devant le
tribunal du Caire. Selon lui, le président déchu ne pouvait ignorer les tirs
contre la foule lors la révolte contre son régime.
"Le
président de la République est responsable de la protection du peuple, la
question n'est pas seulement de savoir s'il a donné ou non des instructions de
tuer les manifestants, mais au delà de ça de savoir pourquoi il n'est pas
intervenu pour arrêter la violence contre ces manifestants", a-t-il
déclaré.
"Comment
se peut-il que le président de la République ne soit pas au courant des
manifestations qui ont éclaté le 25 janvier en douze endroits dans plusieurs
gouvernorats?", a-t-il ajouté en cours de l'audience qui s'est ouverte
en milieu de journée, réfutant l'idée que Hosni Moubarak n'était pas informé de
la gravité de la situation.
Le procureur
a également souligné que le ministre de l'Intérieur de l'époque, Habib el-Adli,
jugé en même temps que l'ancien chef d'Etat, "ne pouvait pas donner des
ordres de tirer sur les manifestants sans avoir obtenu des instructions de
Moubarak".
Il a
souligné que deux ministres de l'Intérieur en fonction après la chute de Hosni
Moubarak ont témoigné du fait que "le ministre de l'Intérieur n'a pas
les prérogatives lui permettant de donner des ordres de tirer, et qu'il ne peut
prendre une telle décision qu'après avoir consulté la direction politique".
Inculpation
pour corruption
Le procureur
Moustafa Souleimane avait estimé mercredi 4 janvier avoir des preuves solides
de l'implication de Hosni Moubarak dans le meurtre de manifestants, mais avait
aussi dénoncé le manque de coopération "délibéré" des
nouvelles autorités avec l'accusation.
Mardi, il
avait décrit Hosni Moubarak, qui a régné sur l'Egypte pendant trois décennies,
comme "un dirigeant tyrannique" qui a "répandu la
corruption" et "ruiné le pays sans rendre de comptes".
Agé de 83
ans, M. Moubarak est en détention préventive dans un hôpital militaire de la
banlieue du Caire. Il a une nouvelle fois comparu jeudi allongé sur une civière.
Le raïs
déchu est jugé depuis le 3 août dans le cadre des poursuites après la
répression du soulèvement contre son régime début 2011, qui a fait
officiellement quelque 850 morts. L'ancien ministre de l'Intérieur, Habib
el-Adli, et six de ses conseillers sont jugés en même temps que lui pour ces
accusations.
L'ancien
président est également inculpé de corruption, des accusations qui visent aussi
ses fils Alaa et Gamal, jugés en même temps que lui.
M. Moubarak,
dont le procès se déroule sous la protection d'un important dispositif de
sécurité, est le premier dirigeant victime du "Printemps arabe" à
comparaître en personne devant la justice.
M. Moubarak
et les avocats qui assurent sa défense plaident non-coupable.
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