dimanche 22 janvier 2012

Météorite : Mars attaque !


La météorite observée cet été au Maroc provient bien de la planète rouge. Une rareté qui agite la communauté scientifique
 Un fragment de la météorite Tissint qui est tombée en juillet dernier dans le Sud marocain.
Ce n'était pas arrivé depuis 1962 ! Une météorite, que des témoins avaient vue tomber dans le Sud marocain le 18 juillet dernier, vient d'être formellement identifiée comme provenant de la planète Mars par les experts de la Meteoritical Society. Les villageois qui s'étaient aussitôt lancés à la recherche de ses fragments, au lendemain de sa chute, ont trouvé là mieux que de l'or, un vrai cadeau du ciel négociable aux alentours de 300 euros le gramme ! "C'est le plus bel échantillon de roche martienne qui existe", confie le géologue Albert Jambon, professeur à l'université Pierre-et-Marie-Curie, qui a pu examiner Tissint, baptisée ainsi du nom du village où elle a atterri. Le spécialiste français des météorites souligne que Tissint est seulement la cinquième météorite martienne dont on a pu observer directement la chute sur la cinquantaine répertoriées au total sur la Terre.
"L'intérêt, c'est qu'il s'agit d'un objet d'une extrême fraîcheur qui n'a pas été pollué par toute la matière terrestre. À peine la croûte de fusion a-t-elle un peu interagi avec l'atmosphère", explique-t-il. "De plus, il semblerait qu'elle soit relativement différente des autres échantillons recueillis, de sorte qu'elle va nous permettre d'élargir notre compréhension de Mars, des processus à l'oeuvre à l'intérieur de la planète." 
Mais comment peut-on affirmer qu'un morceau de roche tombé du ciel vient bien de Mars ? Dès les années soixante-dix, la communauté scientifique avait repéré que certaines météorites avaient des caractéristiques communes et surtout très différentes des autres. Il semblait évident qu'elles provenaient d'un même objet de grande taille et leur composition ainsi que leur jeune âge faisaient pencher pour Mars. "Les autres échantillons datent de près de 4,5 milliards d'années, l'âge du système solaire, alors que celles-ci ont moins d'un milliard d'années", précise l'astrophysicien Francis Rocard, responsable des programmes d'exploration du système solaire au Centre national d'études spatiales (Cnes). En 1975, le programme américain Viking d'exploration de la planète rouge permettait d'étudier l'atmosphère de Mars, composée à 95 % de dioxyde de carbone (CO2). La découverte quelque temps plus tard en Antarctique d'une météorite comportant des cristaux avec de minuscules bulles de gaz, de composition strictement similaire à l'atmosphère de Mars, confirmait l'hypothèse initiale.
Signes de vie ? 
"À présent, nous n'avons plus véritablement besoin de répéter toutes ces analyses, car nous connaissons les spécificités de ces roches et savons bien les reconnaître", explique le professeur Albert Jambon. De là à parvenir, en étudiant le fragment de météorite le plus pur soit-il, à prouver que Mars a bien abrité la vie, il y a un pas que le scientifique ne franchira pas. "Certains le disent, mais cela serait totalement surréaliste : tout simplement parce qu'il s'agit d'une roche magmatique, et non d'un échantillon de sol", lâche-t-il. "Supposons que vous soyez un extraterrestre et que vous cherchiez des traces de vie sur Terre (des fossiles), vous ne trouverez rien dans les granites et dans les basaltes, il vous faudra chercher dans le sol, là où il y a des couches sédimentaires, là où il y a eu de l'eau. Le même principe vaut pour Mars", explique-t-il. De son côté, Francis Rocard estime que ces zones à fort potentiel pour déceler des traces de vie représentent quelque chose comme un millième, voire un dix millième de la surface de la planète rouge. Autant dire que la réponse a peu de chances de tomber du ciel !

LePoint.fr

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