Depuis
1961 et l'entrée en vigueur du Traité de l'Antarctique, le pôle Sud reste la
chasse gardée des scientifiques du monde entier. Pourtant bien des pays, dont
la France, gardent un oeil sur certains territoires du continent. Jusqu'à quand
l'Antarctique restera le continent de la "science et de la paix" ?
Ce n’est pas l’ONU qui gère l’Antarctique. Ce
sont les scientifiques eux-mêmes... Crédit Reuters
Atlantico : Le
pôle Sud est un réservoir incroyable de ressources et d’informations convoité
par les pays les plus puissants, mais aussi, de plus en plus, par les pays
émergents. Comment une nouvelle nation s’y prend-elle pour initier des
recherches en Antarctique ?
Christian
de Marliave : Ce
n’est pas l’ONU qui gère l’Antarctique. Ce sont les scientifiques eux-mêmes au
sein d’un comité : le Scientific Committee on Antarctic Research (SCAR). Ce pays doit signer le Traité
de l’Antarctique s’il veut commencer à faire des
recherches. S’il installe une base il devient en plus un membre actif.
Il a le droit entre autres de siéger aux commissions.
Il y a
beaucoup de pays qui font des recherches en Antarctique, qui ont des bases soit
à la bordure du continent, soit même à l’intérieur. Ils y font leurs propres
recherches et invitent même d’autres scientifiques étrangers qui n’ont pas de
bases à participer à des programmes conjoints. Les Français ont l’habitude
d’accueillir beaucoup de spécialistes étrangers sur des programmes spécifiques.
Quels
types de recherches sont menés en Antarctique ?
Il y a
beaucoup de recherches sur la physique pure. Que cela soit dans le domaine de
l’atmosphère, de l’océanologie, des glaces, des micrométéorites ou de
l’astrophysique.
Il y a un
énorme programme, Ice Cube, mis en
place par plusieurs universités et piloté par les Américains. C’est je
pense le plus gros projet développé, en terme de coût, en Antarctique. Au pôle
Sud même, ils ont installé un énorme capteur de neutrinos (détecter les
flux de neutrinos peut nous permettre de révéler les sources des rayons cosmiquesainsi
que la nature des particules de matière noire)
Il y a eu
aussi beaucoup de choses développées autour de la paléoclimatologie avec tous
les carottages (prélèvements d’échantillons dans la glace) effectués
conjointement sur la base française de Concordia et
la base russe de Vostok. Les
Français viennent d’ailleurs de réaliser une liaison entre les deux bases.
Tous les
pays coopèrent-ils vraiment ?
D’après le
traité Antarctique, toutes les données sont ouvertes. Nous devons rendre public
tous nos résultats. Pour l’instant le pacte est relativement respecté. Il y a
quelques pays réticents. On pourrait parler de la Chine qui a tendance
à moins coopérer. Mais dans l’ensemble, tout le monde joue le jeu.
Mais il y a
aussi le Protocole
de Madrid (relatif à la protection de l’environnement sur le
continent), qui a été signé pour 50 (en 1991 et entré en vigueur en 1998), et
sur lequel il y a quelques petites ouvertures qui sont effectivement un peu
bizarre en ce moment. Les Russes ont demandé à recommencer à explorer
les ressources minières, ce qui est totalement contraire au traité. On se
demande où cela peut conduire.
La Chine
est donc installée en Antarctique. Jusqu’où va son implication dans le
continent ?
Les Chinois
ont une base depuis longtemps en péninsule
Antarctique. L’intérêt d’avoir une station à l’intérieur du
continent est très récent. Ils ont ouvert une base extrêmement
moderne, Zhongshan,
à côté de la base russe de Progress. Ils
essayent aussi d’ouvrir une base à l’intérieur du continent, vers le coin le
plus haut du plateau Antarctique. Ils mettent effectivement beaucoup de moyens
pour développer de l’activité scientifique en Antarctique. Il est
difficile de dire si c’est purement pour des raisons scientifiques.
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