lundi 9 janvier 2012

L'Antarctique pourra-t-il rester ce continent réservé à la science ?


Ce n’est pas l’ONU qui gère l’Antarctique. Ce sont les scientifiques eux-mêmes...

Depuis 1961 et l'entrée en vigueur du Traité de l'Antarctique, le pôle Sud reste la chasse gardée des scientifiques du monde entier. Pourtant bien des pays, dont la France, gardent un oeil sur certains territoires du continent. Jusqu'à quand l'Antarctique restera le continent de la "science et de la paix" ?
  Ce n’est pas l’ONU qui gère l’Antarctique. Ce sont les scientifiques eux-mêmes... Crédit Reuters
Atlantico : Le pôle Sud est un réservoir incroyable de ressources et d’informations convoité par les pays les plus puissants, mais aussi, de plus en plus, par les pays émergents. Comment une nouvelle nation s’y prend-elle pour initier des recherches en Antarctique ?
Christian de Marliave : Ce n’est pas l’ONU qui gère l’Antarctique. Ce sont les scientifiques eux-mêmes au sein d’un comité : le Scientific Committee on Antarctic Research (SCAR). Ce pays doit signer le Traité de l’Antarctique s’il veut commencer à faire des recherches. S’il installe une base il devient en plus un membre actif. Il a le droit entre autres de siéger aux commissions.
Il y a beaucoup de pays qui font des recherches en Antarctique, qui ont des bases soit à la bordure du continent, soit même à l’intérieur. Ils y font leurs propres recherches et invitent même d’autres scientifiques étrangers qui n’ont pas de bases à participer à des programmes conjoints. Les Français ont l’habitude d’accueillir beaucoup de spécialistes étrangers sur des programmes spécifiques.

Quels types de recherches sont menés en Antarctique ?
Il y a beaucoup de recherches sur la physique pure. Que cela soit dans le domaine de l’atmosphère, de l’océanologie, des glaces, des micrométéorites ou de l’astrophysique.
Il y a un énorme programme, Ice Cube, mis en place par plusieurs universités et piloté par les Américains. C’est je pense le plus gros projet développé, en terme de coût, en Antarctique. Au pôle Sud même, ils ont installé un énorme capteur de neutrinos (détecter les flux de neutrinos peut nous permettre de révéler les sources des rayons cosmiquesainsi que la nature des particules de matière noire)
Il y a eu aussi beaucoup de choses développées autour de la paléoclimatologie avec tous les carottages (prélèvements d’échantillons dans la glace) effectués conjointement sur la base française de Concordia et la base russe de VostokLes Français viennent d’ailleurs de réaliser une liaison entre les deux bases.

Tous les pays coopèrent-ils vraiment ?
D’après le traité Antarctique, toutes les données sont ouvertes. Nous devons rendre public tous nos résultats. Pour l’instant le pacte est relativement respecté. Il y a quelques pays réticents. On pourrait parler de la Chine qui a tendance à moins coopérer. Mais dans l’ensemble, tout le monde joue le jeu.
Mais il y a aussi le Protocole de Madrid (relatif à la protection de l’environnement sur le continent), qui a été signé pour 50 (en 1991 et entré en vigueur en 1998), et sur lequel il y a quelques petites ouvertures qui sont effectivement un peu bizarre en ce moment. Les Russes ont demandé à recommencer à explorer les ressources minières, ce qui est totalement contraire au traité. On se demande où cela peut conduire.

La Chine est donc installée en Antarctique. Jusqu’où va son implication dans le continent ?
Les Chinois ont une base depuis longtemps en péninsule AntarctiqueL’intérêt d’avoir une station à l’intérieur du continent est très récent. Ils ont ouvert une base extrêmement moderne, Zhongshan, à côté de la base russe de Progress. Ils essayent aussi d’ouvrir une base à l’intérieur du continent, vers le coin le plus haut du plateau Antarctique. Ils mettent effectivement beaucoup de moyens pour développer de l’activité scientifique en Antarctique. Il est difficile de dire si c’est purement pour des raisons scientifiques.

Atlantico.fr

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