Une danse
primitive en échange d’un peu de nourriture. La tribu des Jarawa subit les
humiliations des touristes occidentaux. C’est ce que montre une vidéo diffusée sur le site du journal britannique The Observer,
et réalisée visiblement par un vacancier. Mais non datée.
Sur ces
images, on y voit ceux qui seraient parmi les premiers hommes à avoir migré
d'Afrique en Asie et qui ont vécu jusqu’aux années 90 en paix dans les îles
Andaman, en Inde, accepter de danser généralement nu pour amuser les touristes.
De quoi ravir les vacanciers qui n’attendent qu’une chose : découvrir la tribu
qui vivait jusque-là reclus.
Enfants et
femmes se prêtent au jeu, poussés par les demandes d’officiers de police qui
intiment l'ordre en leur disant "danse". Mais cela ne se fait pas
naturellement : au début de la vidéo, on entend l’un d’eux rappeler aux membres
du groupe tribal "je vous ai donné la nourriture". C’est alors que
certains se mettent à effectuer quelques pas et poussent la chansonnette, sous
les applaudissements des touristes.
D’après le
journal, les fonctionnaires ne servent pas simplement de guides, ils reçoivent
également des pots de vins pour ravir les voyageurs. Et ce, alors qu’ils se
doivent - en théorie - de protéger les tribus du monde extérieur.
D’après un
guide qu’a rencontré The Observer, pour faire pénétrer les touristes dans la
réserve des Jarawa, les officiers recevraient en moyenne 200 livres sterling,
soit environ 240 euros. Pire : ce serait les officiers qui auraient appris à la
tribu à mendier.
A en croire
le journal britannique, qui dit être allé voir de ses propres yeux ce qu’il en
est, des centaines de voitures touristiques arpentent la réserve chaque jour.
Et ce alors que huit convois seraient autorisés officiellement à se rendre au
sein de la réserve.
Seul
objectif des voyageurs : apercevoir des Jarawa. Et visiblement les panneaux à
l’entrée interdisant les photos, les films ou le moindre contact avec la tribu
n’empêchent rien. The Observer l’affirme : "quand les portes s’ouvrent,
les flashs des appareils photo commencent à crépiter et les touristes lancent
des bananes et des biscuits sur la route pour tenter d’attirer les membres de
la tribu". Comme au zoo.
Depuis la
diffusion de cette vidéo, les critiques fusent. Le ministre indien des Affaires
tribales, V. Kishore Chandra Deo, a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête.
"C'est déplorable. On ne peut pas traiter des êtres humains comme des
bêtes de foire pour se faire de l'argent. Je désapprouve totalement ce genre de
tourisme et nous allons l'interdire".
"Il est
assez clair que l'attitude de certaines personnes envers les populations
tribales n'a pas changé d'un iota. Les Jarawa ne sont pas des animaux de cirque
que l'on fait danser sur commande", a commenté Stephen Corry, le directeur
de Survival International, qui milite pour le droit des tribus dans le monde.
Reste que
des doutes sont possibles sur la datation de cette vidéo. "Avant le
tsunami de 2004, les gens auraient pu les forcer à danser (...). Depuis le
tsunami, une politique de grande autonomie avec un minimum d'intervention a été
mise en place. Les choses se sont un peu amélioré, il y a un grand soin
(apporté à la sécurité) maintenant", a ainsi assuré un anthropologue
indien, A. Justin, qui travaille sur les îles Andaman.
La police
des îles Andaman s’est défendu assurant que c'était un "vieil"
enregistrement. "La vidéo semble vieille de six ou sept ans, lorsque les
Jarawa ne s'habillaient pas. Aujourd'hui, ils s'habillent en public", a
relevé le directeur général de la police, Samsher Deol. Quoi qu’il en soit, la
police a ouvert une enquête pour connaître l'identité du vidéaste et de ceux
qui ont payé et reçu le pot-de-vin.
Europe 1
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire