Dimanche 12
février, la chanteuse Adele a remporté les six Grammy pour lesquels elle avait
été nominée, dont le Grammy de la meilleure chanteuse pop pour sa célèbre
chanson Someone Like You. La semaine précédente, le Boston
Globe suggérait que le morceau méritait une autre récompense, celle de «chanson
qui fait pleurer de l’année», et demandait à des scientifiques
d’expliquer pourquoi elle provoquait cet effet.
Pour
certains d’entre eux, la chanson est émouvante car Adele affirme, dans ses
paroles, qu’elle veut passer à autre chose (elle parle à son ex), alors que la
musique «tourne autour des mêmes notes, sans jamais se conclure, sans
jamais trouver la paix». D’autres estiment que l’effet dramatique est lié
au clivage «entre une simple mélodie blues-folk et un accompagnement au
piano très classique».
L’explication
était vraisemblablement trop faible pour le Wall Street Journal, qui a publié
un article similaire le même weekend, demandant l’avis, non de professeurs de
musique, mais de neuroscientifiques et de psychologues. L’un de ces experts
avait étudié «la
formule pour une chanson larmoyante» quelques années plus tôt, en
choisissant des extraits musicaux «qui provoquent à coup sûr des
frissons» et en les faisant écouter à des personnes tout en mesurant
leur tension cardiaque, leur transpiration et leur «chair de poule».
Il résulte
de cette étude que tous les passages musicaux sélectionnés débutent calmement
avant de monter en intensité. Le passage correspond généralement à «l’entrée
abrupte d’une nouvelle voix»(instrument, mélodie), qui implique typiquement «une
expansion du nombre de fréquences utilisées» et «contient des
variations imprévues de la mélodie ou de l’harmonie». Selon l’article, le
brusque changement d’octave au moment du refrain de Someone like you est «l’exemple
parfait» de ce type de chanson.
Si l’écoute
prolongée de musique était déjà suspectée d’être un facteur
de dépression, celle d’Adele apparaît ainsi comme une véritable machine à
pleurer. Mais comment expliquer qu’une telle tristesse soit aussi populaire? Le
Wall Street Journal cite une étude réalisée l’année dernière par deux
scientifiques:
«Une
musique intense en émotion provoque la libération de dopamine dans les parties
du cerveau gérant le plaisir et la récompense, avec des effets similaires à
ceux de la nourriture, du sexe ou de la drogue».
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