Un
Suédois a survécu à deux mois passés dans sa voiture sans nourriture. Jusqu'à
quel point le corps humain peut-il résister en cas de privations extrêmes?
En 1933, Le
Mahatma Gandhi avait passé 21 jours de jeûne total. En 1972, lors d'un crash
aérien dans la Cordillère des Andes, 16 Uruguayens ont survécu pendant 72 jours
dans un froid pouvant atteindre les - 40°C. Plus récemment, un Suédois a été retrouvé vivant après être resté
deux mois dans sa voiture coincée par la neige, sans nourriture. Le
corps humain possède des ressources parfois insoupçonnées et peut faire preuve
d'une grande capacité d'adaptation suivant l'état de santé physique et
psychologique de la victime. Pour autant, la capacité de résistance d'un
organisme soumis à rude épreuve connaît des limites.
• La
déshydratation
Le corps
humain est composé à 70% d'eau, un élément indispensable au bon fonctionnement
des cellules. Si ces dernières ne sont plus hydratées, elles finissent par se
détruire, endommageant le fonctionnement des organes vitaux.
Nous perdons
près de deux litres d'eau chaque jour par la transpiration, la respiration et
l'évacuation des urines. Si on arrête de boire, la déshydratation se manifeste
d'abord par une soif intense, un dessèchement de la langue, de la bouche et de
la peau. Ensuite, le taux de sel augmente dans le sang et provoque des maux de
tête, des crampes, voire des troubles de la conscience. Le cerveau étant
composé à 82% d'eau, le manque d'eau perturbe son fonctionnement. A ce stade,
l'individu ne ressent plus la soif et son état s'aggrave. En principe, on ne
peut pas tenir plus de trois jours sans boire.
• La
dénutrition
Le corps
humain s'adapte plus facilement à l'absence de nourriture qu'à l'absence d'eau.
Néanmois, les nutriments restent indispensables à la production d'énergie
nécessaire au métabolisme basal, c'est-à-dire aux fonctions vitales comme le
simple fait de respirer.
Au cours des
trois premiers jours du jeûne, l'organisme puise dans ses réserves de glucose,
d'eau et de sel. Les jours qui suivent, les graisses et les muscles prennent le
relais, conduisant à une fonte de la masse musculaire. Par réflexe, l'organisme
se met en veille pour faire des économies d'énergie: le rythme cardiaque
diminue, toutes les fonctions vitales se mettent au ralenti. Dans la dernière
phase, les réserves en protéines, principal composant des cellules, sont
utilisées. Quand 30 à 50% des protéines sont consommées, les limites de survie
sont atteintes. En moyenne, un sujet peut rester 30 à 40 jours sans manger.
• L'insomnie
Combien de
temps un être humain peut-il rester sans dormir? Quelques expériences ont tenté
de répondre à cette question. Le Dr Max Fleury en présentent plusieurs dans son
livre Le sommeil réparé. Il rappelle notamment le record jamais
dépassé depuis 1965 de Randy Gardner, resté éveillé pendant onze jours
consécutifs à l'âge de 17 ans. Depuis, les expériences ont montré que la
moyenne se situe entre huit et dix jours. Les sujets présentent dans un premier
temps « des signes classiques de la privation de sommeil, comme les
troubles de l'humeur, de la concentration, de la perception». Au bout de
plusieurs jours de veille, des hallucinations visuelles, olfactives, auditives
et tactiles, accompagnées de douleurs aux extrémités des membres peuvent
apparaître, avant de conduire à une issue fatale.
• L'hypothermie
Cet état
correspond à l'abaissement de la température du corps au-dessous de 35°C, soit
environ deux degrés en dessous de notre température moyenne, située à 37°C. La
plupart du temps, l'hypothermie résulte d'une exposition prolongée au froid,
menant à l'épuisement des défenses pour produire de la chaleur et maintenir la
température du corps.
Trois types
d'hypothermie sont recensées dans le Larousse médical (édition
2012): les hypothermies modérées (de 35 à 32°C) se caractérisent par des
frissons, qui est un réflexe musculaire pour réchauffer l'organisme en brûlant
du glycogène, chargé de libérer du glucose dans les cellules musculaires. Mais
ce mécanisme ne dure que quelques heures. Vient ensuite le stade de
l'hypothermie grave (de 32 à 26°C). Peu à peu, la température du corps diminue
et entraîne des troubles de la conscience, un ralentissement de la fréquence
cardiaque et une chute de la pression artérielle. La peau devient pâle et
froide. La circulation sanguine se concentre autour des organes vitaux (coeur
et cerveau) au détriment des extrêmités. Les pieds et les mains bleuissent, se
raidissent, provoquant des engelures, des oedèmes, voire des gelures graves. Au-dessous
de 26°C, la peau prend un aspect cadévérique. La victime ne montre pratiquement
plus aucun signe de vie. La respiration est indétectable et le rythme cardiaque
est extrêmement ralenti, jusqu'à ce que le coeur s'arrête, quand la température
du corps chute à 23°C.
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