jeudi 23 février 2012

Froid, faim, désydratation, les limites du corps humain

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Un Suédois a survécu à deux mois passés dans sa voiture sans nourriture. Jusqu'à quel point le corps humain peut-il résister en cas de privations extrêmes?
En 1933, Le Mahatma Gandhi avait passé 21 jours de jeûne total. En 1972, lors d'un crash aérien dans la Cordillère des Andes, 16 Uruguayens ont survécu pendant 72 jours dans un froid pouvant atteindre les - 40°C. Plus récemment, un Suédois a été retrouvé vivant après être resté deux mois dans sa voiture coincée par la neige, sans nourriture. Le corps humain possède des ressources parfois insoupçonnées et peut faire preuve d'une grande capacité d'adaptation suivant l'état de santé physique et psychologique de la victime. Pour autant, la capacité de résistance d'un organisme soumis à rude épreuve connaît des limites.
• La déshydratation
Le corps humain est composé à 70% d'eau, un élément indispensable au bon fonctionnement des cellules. Si ces dernières ne sont plus hydratées, elles finissent par se détruire, endommageant le fonctionnement des organes vitaux.
Nous perdons près de deux litres d'eau chaque jour par la transpiration, la respiration et l'évacuation des urines. Si on arrête de boire, la déshydratation se manifeste d'abord par une soif intense, un dessèchement de la langue, de la bouche et de la peau. Ensuite, le taux de sel augmente dans le sang et provoque des maux de tête, des crampes, voire des troubles de la conscience. Le cerveau étant composé à 82% d'eau, le manque d'eau perturbe son fonctionnement. A ce stade, l'individu ne ressent plus la soif et son état s'aggrave. En principe, on ne peut pas tenir plus de trois jours sans boire.
• La dénutrition
Le corps humain s'adapte plus facilement à l'absence de nourriture qu'à l'absence d'eau. Néanmois, les nutriments restent indispensables à la production d'énergie nécessaire au métabolisme basal, c'est-à-dire aux fonctions vitales comme le simple fait de respirer.
Au cours des trois premiers jours du jeûne, l'organisme puise dans ses réserves de glucose, d'eau et de sel. Les jours qui suivent, les graisses et les muscles prennent le relais, conduisant à une fonte de la masse musculaire. Par réflexe, l'organisme se met en veille pour faire des économies d'énergie: le rythme cardiaque diminue, toutes les fonctions vitales se mettent au ralenti. Dans la dernière phase, les réserves en protéines, principal composant des cellules, sont utilisées. Quand 30 à 50% des protéines sont consommées, les limites de survie sont atteintes. En moyenne, un sujet peut rester 30 à 40 jours sans manger.
 L'insomnie
Combien de temps un être humain peut-il rester sans dormir? Quelques expériences ont tenté de répondre à cette question. Le Dr Max Fleury en présentent plusieurs dans son livre Le sommeil réparé. Il rappelle notamment le record jamais dépassé depuis 1965 de Randy Gardner, resté éveillé pendant onze jours consécutifs à l'âge de 17 ans. Depuis, les expériences ont montré que la moyenne se situe entre huit et dix jours. Les sujets présentent dans un premier temps « des signes classiques de la privation de sommeil, comme les troubles de l'humeur, de la concentration, de la perception». Au bout de plusieurs jours de veille, des hallucinations visuelles, olfactives, auditives et tactiles, accompagnées de douleurs aux extrémités des membres peuvent apparaître, avant de conduire à une issue fatale.
• L'hypothermie
Cet état correspond à l'abaissement de la température du corps au-dessous de 35°C, soit environ deux degrés en dessous de notre température moyenne, située à 37°C. La plupart du temps, l'hypothermie résulte d'une exposition prolongée au froid, menant à l'épuisement des défenses pour produire de la chaleur et maintenir la température du corps.
Trois types d'hypothermie sont recensées dans le Larousse médical (édition 2012): les hypothermies modérées (de 35 à 32°C) se caractérisent par des frissons, qui est un réflexe musculaire pour réchauffer l'organisme en brûlant du glycogène, chargé de libérer du glucose dans les cellules musculaires. Mais ce mécanisme ne dure que quelques heures. Vient ensuite le stade de l'hypothermie grave (de 32 à 26°C). Peu à peu, la température du corps diminue et entraîne des troubles de la conscience, un ralentissement de la fréquence cardiaque et une chute de la pression artérielle. La peau devient pâle et froide. La circulation sanguine se concentre autour des organes vitaux (coeur et cerveau) au détriment des extrêmités. Les pieds et les mains bleuissent, se raidissent, provoquant des engelures, des oedèmes, voire des gelures graves. Au-dessous de 26°C, la peau prend un aspect cadévérique. La victime ne montre pratiquement plus aucun signe de vie. La respiration est indétectable et le rythme cardiaque est extrêmement ralenti, jusqu'à ce que le coeur s'arrête, quand la température du corps chute à 23°C.

LeFigaro.fr

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